LEBEAU, Bruxelles – Belgique

Les riverains et le comité Sauve Lebeau Sablon n’en démordent pas, le projet Lebeau mené par le promoteur IMMOBEL est innaceptable.

Historiquement, nous devons remonter en 1895 avec la construction de l’Hôtel Central Téléphonique (3-11 rue de la Paille). Proximus s’est ensuite étendu à l’entièreté de l’îlot, allant même jusqu’à recouvrir en 1970 le bas de la rue de Ruysbroeck.

En 2018, un concours organisé en collaboration le BMA a réuni 4 candidats : Caruso St John, 3XN Architects, Neutelings Riedijk Architects et MacCreanor Lavington MLA+ Korteknie Stuhlmacher Architecten pour imaginer la transformation de cet îlot complexe dans un quartier phare de la ville. Les candidats devaient répondre aux questions ‘comment dessiner un nouveau bâtiment au Sablon ? Comment le projet pourrait-il contribuer à créer une ambiance réellement urbaine, au-delà de la réalisation de logements qualitatifs ? Comment pourrait-il incarner un lien fort entre le haut et le bas de la ville ?’ et proposer une réponse qui permette la création d’un projet mixte de 41.500 m² intégrant :

  • 207 logements (22.800 m2),
  • des bureaux (8.500 m2),
  • un hôtel de 150 studios et lofts (8.000 m2)
  • un parking de 385 emplacements couverts (175 logement- 49 bureau- 161 public),
  • et du commerce (1.700 m2)

Les lauréats du concours furent MacCreanor Lavington MLA+ Korteknie Stuhlmacher Architecten.

Dans sont rapport, le BMA salue la réinterprétation de la notion d’immeuble à appartements : C’est donc six projets qui sont proposés dans l’offre. Il y a d’une part le projet du socle, avec les parkings souterrains, le commerce et le jardin commun, et d’autre part cinq immeubles différents, quasi-indépendants et architecturalement traités comme tels. Cette approche apparait comme très pertinente car elle permet de trouver une échelle, un grain adapté à la parcelle puisque se comparant aux grandes institutions voisines (musées, bibliothèque royale) sans imposer une échelle inadaptée aux petites parcelles typiques du quartier.

Le socle est habilement développé, à la fois animé vers la rue et avec un parking qui n’est pas entièrement en sous-sol. Autour de la cours commune, les cinq bâtiments adoptent tous un langage architectural -très précisément dessiné- et une typologie adaptée à leur programme et leur contexte immédiat. L’ensemble se distingue par le raffinement du détail de la façade et l’utilisation des matériaux. Les lauréats ont également mis en exergue une approche durable en prévoyant de réutiliser une partie des matériaux déjà présents sur le site et de s’appuyer sur ceux-ci pour conférer une identité au projet tout en se fondant dans le contexte.

Par contre, la Commission Royale des Monuments et Sites (CRMS) a remis un avis très défavorable sur le projet et Alain de Coster, expert immobilier indépendant, qui a travaillé pour le compte du Comité Sauve Lebeau Sablon a remis un rapport tout aussi négatif. Il y dénonce :

  • une densité écrasante, plus du double de celle du quartier (P/S de 6),
  • des immeubles élevés hors d’échelle dans une zone d’intérêt culturel, historique et esthétique (jusqu’à 10 niveaux au-dessus du rez à la place des 5 niveaux existant sur le coin Sablon et 8 niveaux au-dessus du rez au lieu des 5 existants le long de la rue Lebeau,
  • un parking trop grand, périlleux à construire, qui ne répond ni un besoin ni à un manque (6 niveaux dont 3 hors sol en intérieur d’îlot),
  • la démolition d’immeubles, dont la valeur patrimoniale est reconnue par la CRMS, alors qu’une rénovation exemplaire est parfaitement possible (incompréhension d’une volonté de démolir les bâtiments existants alors que, dans un monde de plus en plus voué à l’économie circulaire, une rénovation pourrait tout à fait être réalisable),
  • le projet ne participe nullement à l’amélioration de l’espace public alors qu’il est à la croisée des chemins de la Ville pour mieux relier le Sablon, la Grand Place et le Mont des Arts (ici : les défenseurs du quartier du Sablon aimerait que le projet face disparaître le bâtiment technique de Belgacom afin de faire ré-apparaître la rue de Ruysbroeck),
  • un énorme chantier de plus de 4 ans qui générerait d’importantes nuisances aux riverains ainsi que des pertes de fréquentation et de chiffres d’affaires pour les commerces des rues avoisinantes,
  • un projet hors d’échelle qui aurait un effet désastreux sur le charme unique du quartier du Sablon, sur la survie de commerces spécialisés, sur l’attractivité touristique de Bruxelles et son image internationale.

Plus d’infos :
Avis de la CRMS
Avis du Quartiers des Arts
Avis de l’ARAU

Lebeau – ©association du patrimoine artistique

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