Transformer les cendres issues de l’incinération des déchets en matériaux de construction bas carbone : c’est le pari audacieux du projet européen AshCycle. Porté par un consortium mêlant chercheurs et industriels, ce programme vise à réduire l’empreinte carbone du secteur du bâtiment tout en donnant une seconde vie à des déchets encore peu valorisés.
Chaque année, pour 100 kg de déchets résiduels incinérés, environ 20 kg de cendres sont produits (mâchefers et cendres volantes). Aujourd’hui, seule une partie de ces résidus est réutilisée. AshCycle, financé à hauteur de plus de 10 millions d’euros par l’Union européenne dans le cadre du programme Horizon Europe, explore comment transformer ces cendres en ressources minérales pour la construction.

Un projet européen, une ambition environnementale majeure
L’objectif est double : réduire la dépendance au ciment Portland – responsable d’environ 8 % des émissions mondiales de CO₂ – et créer une filière circulaire capable de transformer les déchets en matériaux de haute performance.
Si cette approche venait à être généralisée en Europe, elle permettrait d’éviter jusqu’à 20 millions de tonnes de CO₂ par an, soit l’équivalent des émissions annuelles de quatre millions d’Européens.
Un consortium belge au cœur de la recherche
En Belgique, le projet fédère Veolia, l’Université de Gand, ResourceFull, Orbix et SECO. Ensemble, ils forment une chaîne complète :
- Veolia collecte et traite les cendres dans son installation de Grimbergen ;
- L’Université de Gand analyse leur qualité, leur réactivité et leur potentiel dans des formulations de béton ;
- ResourceFull et Orbix développent des prototypes de produits en béton bas carbone ;
- SECO garantit la qualité, la sécurité et la conformité environnementale.
« Nous analysons la résistance, la durabilité et la sécurité environnementale de ces matériaux alternatifs », explique Stijn Matthys, professeur à l’Université de Gand et coordinateur du projet. « Notre but est de démontrer qu’ils peuvent remplacer partiellement, voire totalement, le ciment Portland, tout en réduisant considérablement les émissions. »
Trois pistes de valorisation sont actuellement testées :
- L’utilisation des cendres comme matériau cimentaire complémentaire (SCM) ;
- Leur activation chimique avec des scories métallurgiques pour produire des bétons géopolymères sans ciment Portland ;
- Leur combinaison avec des scories dans des procédés de séquestration permanente du CO₂ au sein du béton.
Selon les premières estimations, ces techniques pourraient réduire jusqu’à 0,7 tonne de CO₂ par tonne de ciment conventionnel remplacée.

Des pavés circulaires testés sur le campus de Gand
Pour valider les résultats en conditions réelles, le consortium a lancé plusieurs projets pilotes en Europe. En Belgique, deux zones expérimentales de 50 m² ont été installées sur le campus de l’Université de Gand :
- une en pavés de béton alcalin activé développés par ResourceFull,
- l’autre en pavés Carbstone produits par Orbix à partir de scories d’acier.
« Sur nos sites belges de Grimbergen et de Gand, nous donnons déjà une seconde vie aux cendres issues de la valorisation énergétique », souligne Franck Arlen, CEO de Veolia Belgique et Luxembourg. « AshCycle s’inscrit pleinement dans notre stratégie GreenUp, qui vise à régénérer les ressources et à décarboner l’industrie. »
Vers une nouvelle génération de matériaux durables
En réunissant chercheurs, ingénieurs et industriels de huit pays, AshCycle trace la voie d’une économie circulaire appliquée à la construction. Ces avancées pourraient transformer un résidu considéré comme un déchet en matière première stratégique, participant à la transition écologique du secteur.
À propos d’AshCycle
Projet européen financé par l’Union européenne à hauteur de plus de 10 millions d’euros, AshCycle a démarré en 2022 dans le cadre du programme Horizon Europe. Il réunit des partenaires issus de huit pays pour développer et tester des procédés innovants de transformation des cendres d’incinération en matériaux de construction à faible empreinte carbone.
À propos de l’Université de Gand
L’Université de Gand compte plus de 50 000 étudiants et 8 400 chercheurs. Classée 91ᵉ au classement de Shanghai 2025, elle participe à 349 projets européens dans le cadre d’Horizon Europe, dont AshCycle. Son département Structural Engineering and Building Materials est un pôle de référence pour la recherche sur les matériaux durables.
www.ugent.be | www.dbm.ugent.be
À propos d’Orbix
Basée à Genk et Châtelet, Orbix traite chaque année près de 400 000 tonnes de scories d’acier inoxydable. L’entreprise développe des matériaux minéraux et des liants à base de CO₂ destinés à l’industrie du béton et à la construction routière.
www.orbix.be/fr
À propos de ResourceFull
Fondée en 2015, ResourceFull conçoit des liants, mortiers et bétons bas carbone à partir de résidus industriels tels que scories et cendres. Basée à Eke (Gand), l’entreprise accompagne ses partenaires du laboratoire au déploiement industriel.
www.resourcefull.eu
À propos de SECO
Leader belge du contrôle qualité et de la certification dans le bâtiment depuis 1934, SECO compte plus de 200 experts techniques. L’entreprise accompagne les acteurs de la construction dans la maîtrise des risques et la conformité aux normes de sécurité et de durabilité.
groupseco.be/fr
