Après une première édition couronnée de succès, Jette lance pour la deuxième année consécutive ‘‘Yes We Can’’ aux bons soins de l’artiste Kool Koor, toujours coordinateur du projet. Trois fresques XXL ont été présentées ce 22 juin, en plus d’une trentaine de poubelles devenues œuvres d’art pour guider les visiteurs. De nouveaux chefs-d’œuvre viennent donc s’ajouter au parcours conçu en 2020 et confirment l’envie de la commune de devenir un repère d’art urbain à Bruxelles.
« On cogitait tout cela depuis un moment déjà à Jette… » Si ‘‘Yes We Can’’ souffle sa deuxième bougie cette année, le projet mûrit depuis 2017 dans la tête de Mounir Laarissi, Echevin de la Culture, de la Jeunesse et de la Propreté publique. « C’est la rencontre avec Kool Koor qui a permis au projet de se lancer en 2020 » explique-t-il. « Ensuite, c’est grâce au soutien de la commune que nous avons pu le concrétiser et bénéficier d’un budget exceptionnel pour la réalisation de ce parcours qui me tient particulièrement à cœur. » Le projet démarrait sur les chapeaux de roues…
Une volonté de faire de sa commune de Jette un repère culturel et un haut-lieu du street-art à Bruxelles qui s’inscrit dans la durée. En deux ans, ce ne sont pas moins de 9 fresques XXL et une centaine de poubelles qui ont transformé durablement le visage de Jette. Et ce n’est pas la Bourgmestre Claire Vandevivere qui va le démentir. Comme elle l’explique « le street-art transforme la ville en galerie-musée à ciel ouvert. Il rend l’art accessible à toutes et tous et ajoute de la couleur dans nos villes et nos vies, en suscitant l’émerveillement, la stupeur ou le questionnement. »
Place au Surréalisme
L’artiste Kool Koor, cador de la discipline et coordinateur du projet depuis ses prémices, est à nouveau aux commandes de ‘‘Yes We Can’’, du choix des street-artistes à la sélection des sites et des murs, en passant par la thématique de cette seconde édition : le Surréalisme. « Après avoir abordé les Droits Humains lors de la première édition, notre choix s’est porté sur le surréalisme. Un sujet qui multiplie les possibilités et qui a beaucoup inspiré les trois street-artistes présents. Leurs univers respectifs correspondent parfaitement à cette thématique, qui permet en outre un petit clin d’œil à René Magritte, illustre personnage de la commune. » René Magritte, maître du genre, résida en effet à Jette de nombreuses années et y peignit de nombreux tableaux dans une demeure devenue musée, située à quelques foulées de l’une des nouvelles fresques.
3 sites pour 3 fresques
Trois quartiers – reliés entre eux par un réseau de trente poubelles-œuvres d’art – accueillent les œuvres monumentales du cru 2021-2022 de ‘‘Yes We Can’’ : l’Ecole Champs des Tournesols (Parc Garcet), la Crèche Reine Fabiola (Avenue Firmin Lecharlier 86) et la Coupole bruxelloise de l’autisme (Rue Esseghem 103). Le premier est assigné à l’artiste KUNLO,Laurent Paschold de son nom à la ville, muraliste gérant de l’Atelier30 et architecte de formation. Artiste de rue s’il en est, disciple du graffiti, ce dernier s’est affranchi au fil des années de sa pratique traditionnelle pour voir son style s’approcher du mouvement du « Graffuturisme ». « Ma fresque traite du temps qui passe, ce temps que nous traversons trop rapidement poussés par notre quotidien d’adulte, nous rappelant à quel point celui passé auprès de nos enfants est précieux. Il s’agit d’une représentation poétique et abstraite de notre présent, ce cadeau à chérir, et de leur futur, cet espoir entre nos mains… »
Le second site a été confié à Amandine Lesay. Elle grandit à Paris, dans une scène graffiti en pleine émulsion, où elle étudie la peinture et les arts plastiques avant de parfaire sa formation (notamment en gravure) sous nos latitudes à la Cambre. « La crise du covid a transformé nos habitudes sociales, explique-t-elle. Se toucher et s’embrasser a été rendu interdit ou régi par des règles. Tout comme dans le tableau de Magritte ou les amants s’embrassent le visage enroulé dans un drap, la fresque propose ici un baiser version 2021. Un moment d’évasion dans ces paysages surréalistes… »
Enfin, Julien Crevaels alias Nova Dead est quant à lui en charge du troisième site. Ce belgo-congolais issu de la scène liégeoise, trouve son inspiration dans ses souvenirs d’enfance. Faune et flore équatoriale figurent au premier plan de ses œuvres. Fasciné par le cosmos et les lois de l’univers, il illustre ses personnages dans un style entre le figuratif et l’abstraction, réalise un travail de mosaïques, recréant la matière dans un genre statique, cristallisé, fragmenté. Ce dernier a sublimé de sa patte singulière la Coupole bruxelloise de l’autisme. « Percevoir le monde d’une façon différente. Exprimer des idées dans un langage différent. Parler de ce que le visible cache… Voilà ce qui me tient à cœur, déclare-t-il. J’ai voulu réaliser ici une fresque énigmatique qui incite, stimule des conversations plus complexes… »